NIVES , PATIENCE…
Nous y étions 15 jours avant le déluge .A son habitude
Patrice nous a dégoté un hébergement idéalement situé au cœur des vallées aux
noms évocateurs, Bastan , Baigorry , Grande Nive , Nive des Aldudes.
A peine arrivés, nous nous dirigeons vers un spot entraperçu
de loin l’année précédente sur la Grande Nive. Sous le soleil matinal, aucune
activité, mais la patience de Patrice paye et il trouve LA truite du séjour.
Elle est là et gobe franchement sur ça bordure peu profonde au pied de son
arbre protecteur. Le pêcheur est en confiance et s’approche à quelques mètres
de la sa cible qui ne perçoit pas le danger. Les dérives sont bonnes mais le poisson,
bien que curieux, est chipoteur et nous offre de beaux refus en direct (l’eau
est cristalline). Puis c’est le bon passage avec la bonne mouche, "gloups" mais
ferrage dans le vide. Elle a du métier semble-t-il ! Patrice ne désespère
pas et attend qu’elle se remette à table ... ce qu’elle fait rapidement mais la scène
précédente se reproduit.
Nous décidons de poursuivre cette bordure prometteuse jusqu’au
moment où je distingue cette forme grise qui ondule sur un post de rêve. Je me
poste deux mètres derrière elle et décoche mouches sèches et nymphes, mais elle
n’y regarde pas. Moins patient que mon collègue je me redresse pour mieux voir
cette tête de mule et ho surprise ce n’est pas une truite, ni même un poisson
… mais un bout de sac plastique mdr…
Mais cette berge est vraiment trop prometteuse et agréable a
pêcher alors nous poursuivons jusqu’à a ce chêne superbe, penché sur la rivière. A ses pieds de gros blocs, une berge cavée, une fosse à portée de nageoire et
un beau courant parfaitement lisse qui lèche la berge. A cela, ajouter un beau
contraste de couleurs et de lumières un pote et vous avez le spot de rêve qui
va vous hanter un bon moment. A premier vue pas d’activité. Mais à une poignée
de mètres de la zone, je crois distinguer
un frémissement de l’onde. Patience patience ... Confirmation ! Il y a un poisson
qui vient de percer la surface de son museau dans une discrétion absolue. Pfou
!!! La pression monte sérieusement. La scène se reproduit plusieurs fois avant de
lui passer un CDC et le moment tant espéré arrive, la mouche est cueillie délicatement
et je ferre avec ampleur mais douceur. Erreur ou pas, une chose est sûre. C’est
que le poisson se décroche aussitôt. Je me sens seul au monde. Ayant été sympa
avec cette première truite, Dame Nature m’offre une chance de me consoler deux mètres
plus haut ou un gros bloc divise le courant en deux. Sur la veine de droite un
autre museau a trahi la présence d’un poisson. J’ajuste le lancer et la truite
monte facilement mas toujours aussi discrètement. Au ferrage je ressens une
lourdeur qui sonde direct et bing décrochage.
Voilà une demi-journée que nous pêchons, déjà un super
parcours de découvert et 3 poissons accrochés c’est déjà bien.
Autre grand moment du séjour notre passage sur le
« trou aux cochons » .A la pose de midi nous déjeunons sur les
hauteurs au bord de la route et par chance personne sur le spot .Malgré la
distance on distingue plusieurs beaux poissons qui nymphent puis qui gobent. On
est chaud bouillant et Patrice a une sérieuse revanche à prendre sur ce lieu.
Positionné en queue de lisse les truites ne nous ont pas vues et continuent de
gober tantôt discrètement tantôt rageusement. Alors que Patrice prend place je
monte sur la corniche où j’en prendrais plein les yeux en voyant les poissons
en activité ou montant sur les mouches de mon comparse. Mais le coup semblant
si simple ne l’est pas et les refus s’enchainent. Je finis par redescendre de
mon perchoir pour rejoindre Patrice qui s’obstine à genou dans les galets, sur
un beau morceau qui gobe devant une roche à 3 mètres de nous. Et là, ça va être
long et même très long, mais que ce fut bon. Elle gobait mais quoi ? mais
toujours devant son caillou avec de nombreuses montées sur les mouches du pêcheur
littéralement absorbé par cette silhouette ondulante au point d’en oublier sa
position fort désagréable pour ne pas dire douloureuse (on est quand même sérieusement
maso). Cette scène durera une heure, une heure de folie et d’entêtement jusqu’à
cette ultime montée sur la mouche. Que ce fut bon de la voir exploser en
ssurface puis remonter vers la fosse avant de vouloir dévaler vers les rapides.
Par chance, tu as su l’intercepter avant. Superbe poisson de plus de 40 dans une
épuisette un peu trop juste peut être pour un tel poisson. Bravo Patrice tu la
tiens ta revanche sur 2013. Sur ce même « trou aux cochons » nous
ferons encore 2 truites plus petites sur des cdc pas si petit que ça (comme
quoi) et décrocherons encore une belle.
Je ne peux vous conter ce séjour sans vous parler du Bastan
petite rivière rapide véritable joyaux rafraichissant avec de superbes rapides
, des vasques pleines de magie et des truites vives comme l’éclair.
Malheureusement cette rivière a été dévastée par la crue mais j’espère que la
nature sera la plus forte et l’homme plus respectueux.
Et puis il y a eu notre spot à coup du soir. Vous savez le
coup du soir, ce moment hors du temps apogée d’une journée de pêche mais qui en
annonce également la fin. Vous êtes fatigués. Vous lancez moins bien, votre bas
ligne tirebouchonne et pourtant il faut être au top sinon gare à la déculottée.
Et bien ce fut un peu les deux. Les poissons étaient bien en poste gobant à la chaine,
un passage puis deux puis trois … mais rien. Changement de mouche … sans plus de résultat,
la crise de nerf commence. Patrice me laisse la place. Je tente le poisson avec
un parachute hameçon de 18 sur 12 centièmes. Bingo !!! Elle disparait dans un
gouffre juste devant nous et ça tire, c’est gros, non c’est très gros. Par chance, elle ne fait
pas de longs rushs, mais travaille surtout
avec son poids et le courant sur ma pauvre 7 pieds 6. On commence à voir le
poisson se mettre sur le flanc. C’est bon j’ai le dessus et c’est un monstre
(un bon 55/60) qui glisse devant moi, aspiré par le courant. Je dévale pour
garder le poisson en amont de moi. Mais elle descend plus vite jusqu’à me dépasser.
Je sais que ce n’est pas bon et que le rapport de force peut de nouveau jouer en
sa faveur et c’est le cas, la mouche s’ouvre et la voilà repartie dans son antre. Je viens de rater le poisson d’une vie sur cette erreur. Ce spot nous fera
revivre un second coup du soir mémorable avec 4 ou 5 poissons gobant
rageusement sur des sedges. Mais 1 seul bien puissant viendra poser devant l’objectif
après avoir fait chanter le moulinet.Au moins ces deux coups du soir aurons été
riches en souvenirs et enseignements.
Et puis il y a le premier spot pêché, celui dont on espérait
tant déjà l’an passé lorsqu’on l’avait aperçu de loin, que nous avons revisité
chaque jour de notre séjour avec ces mêmes truites postées aux mêmes endroits
mais toujours aussi difficiles à mettre au sec puisque chaque fois nous les
décrocherons comme une invitation à une autre rencontre. Patience ... Cette année,
nous vous serons infidèles. Mais nous reviendrons. Alors refaites-vous une santé
après cette crue et patience.